Mouvement des Focolari
Le pape à Philadelphie : les Etats plus unis

Le pape à Philadelphie : les Etats plus unis

20151001-03

Foto © Renato Araujo

Philadelphie est le cœur des USA, ici ont eu lieu la rédaction en 1776 de la déclaration de l’Indépendance et de la Constitution des Etats Unis. Et c’est ici que s’est conclue la visite du pape : journées historiques qui ont profondément touché le peuple américain. Dans la salle de l’Indépendance, avec son sourire de toujours, le pape François dit clairement qu’il n’est ni de gauche ni de droite. Il met en lumière l’importance de la liberté religieuse et du dialogue dans une société multiculturelle, mais il souligne le positif qui existe déjà dans le peuple américain : « rappelons les grandes luttes qui ont mené à l’abolition de l’esclavage, à l’extension du droit de vote, à l’extension du mouvement des travailleurs et à l’effort progressif pour éliminer toute forme de racisme et de préjugés dirigés contre les vagues successives de nouveaux américains », dit le pape. Et puis une salutation spéciale aux immigrants de langue espagnole, de la part d’un pape qui vient d’une famille d’immigrés : « Vous apportez de nombreux talents à votre nouvelle nation. N’ayez pas honte de vos traditions » affirme-t-il avec force, ce qui a provoqué des applaudissements spontanés. François nomme, parmi les autres valeurs, la foi fervente et le sens profond de la vie familiale des hispanophones : « Quand vous apportez vos talents, vous trouverez non seulement votre place ici, mais vous aiderez l’humanité à se renouveler de l’intérieur ». Jennifer Huertas de Porto Rico, depuis deux ans aux USA, commente : « Le pape nous dit de ne pas oublier nos racines et de toujours voir en toute personne son unicité. Oui, la diversité n’est pas un mal, parce que tout être humain est unique ».
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Foto © Andrea Re

Quelques heures plus tard seulement, le rendez-vous pour la conclusion de la Journée Mondiale de la Famille, tellement attendue par les participants : jeunes familles, d’autres composées de plusieurs générations, des couples, des personnes seules, des religieux et religieuses avec leurs habits différents, des prêtres, tous accueillis par la ville qui a préparé chaque détail avec grand soin. Après avoir écouté six témoignages de couples et familles, qui racontent comment ils ont essayé de surmonter les défis de la vie en s’appuyant sur la foi en Dieu, le pape prononce un discours passionnant qui met en valeur l’importance de la vie en famille. Un enfant lui demande ce que faisait Dieu avant de créer le monde : « Dieu aimait, parce que Dieu est Amour », répond-il. Et la chose la plus utile que Dieu crée pour partager cet amour est la famille ; ce qui le prouve aussi c’est le fait que « Dieu envoie son Fils dans une famille ». Tout n’est pas rose ni plein de fleurs, « quelquefois les assiettes volent en éclats, mais on surmonte les difficultés avec l’amour », affirme-t-il. Ses paroles laissent le demi-million de participants – qui ont attendu de longues heures dans le Benjamin Franklin Parkway – enchantés et heureux : « C’était fantastique de voir le pape », disait Théa, une jeune de Los Angeles. « J’ai aimé quand il disait que Dieu n’a pas placé Jésus dans un Royaume mais dans une famille. Aujourd’hui beaucoup de gens vont rarement rendre visite à leurs parents, beaucoup de mes amis vivent ainsi et ça me fait de la peine. Même dans ma famille ce n’est pas toujours facile, nous avons de la difficulté à nous écouter jusqu’au bout, mais les paroles du pape nous aideront maintenant à mieux affronter ces difficultés ». Le jour suivant les foules attirées par François se soumettent patiemment aux longs contrôles de sécurité, en chantant et en dansant. Sans perdre leur calme, ils sourient et remercient les policiers qui font leur travail. « Mon fils fête aujourd’hui ses 2 ans, mais avec ma femmes nous nous sommes dit que c’est une occasion qui arrive une fois dans la vie », dit un des gardes du corps. Environ un million de personnes sont présentes à la messe, et plusieurs millions le suivent en direct à la télé. François salue tout le monde, bénit les enfants avant de commencer la messe comprenant des lectures en espagnol et en vietnamien. La liturgie du jour emploie des paroles fortes, où Moïse d’abord puis Jésus, affirment que même celui qui n’appartient pas à leur groupe peut faire des miracles au nom du Seigneur. « Nous ne devons pas nous scandaliser de l’amour de Dieu » dit le pape, et il lance un message clair pour une Eglise qui doit accepter les diversités et qui met sa confiance dans l’action de l’Esprit Saint. François invite ensuite les familles à accomplir de petits gestes d’amour et de compassion : un repas chaud après une journée de travail, une bénédiction, une étreinte : « L’amour se manifeste par de petites choses », affirme-t-il. Cela veut dire « être prophètes, dépasser ‘le scandale d’un amour restreint et mesquin’ ». Plus significatives encore sont les rencontres personnelles : avec les prisonniers, les victimes d’abus sexuels de la part du clergé ; à ce propos le pape dit « Dieu pleure ». C’est comme une messe noire, « il n’y a pas d’excuses ». En conclusion de ces jours-ci, non seulement l’Eglise catholique des USA a changé, mais le pays tout entier. Le pape a remis en évidence les richesses culturelles, partant des fondations du pays et a rappelé aux américains qu’ils doivent être fidèles à ces valeurs : l’amour, la famille, la dignité de tout être humain, prendre soin des pauvres. Et en quittant les Etats Unis, il envoie un message sur Twitter : « Avec toute ma gratitude, que l’amour du Christ guide toujours le peuple américain ! #GodBlessAmerica». Susanne Janssen e Sarah Mundell  

Une clinique à Kinshasa

Une clinique à Kinshasa

Alcuni membri CL LembaUn jour, nous étions en train de fermer, lorsqu’une maman se présente à 16h30 avec son enfant d’environ huit mois, pour un prélèvement de sang.” Aline M. est infirmière et biologiste dans la clinique universitaire de Kinshasa. Au Congo/RDC, l’indice de natalité est très élevé, tout comme ceux de mortalité et de mortalité infantile. L’espérance de vie à la naissance et l’âge moyen de la population sont très bas. “Mes collègues avaient déjà fermé les cahiers de registre et voulaient partir. Mais les paroles de l’Évangile me trottaient dans la tête: aime ton prochain comme toi-même. ‘Je dois aussi accueillir cette maman’, pensais-je. J’ai fait le prélèvement au petit et, alors que je ferme, la maman me dit d’une voix appuyée: ‘Que Dieu vous bénisse, madame!’ C11Je réussis juste à convaincre une collègue de la banque du sang d’être encore disponible pour cette urgence, lorsqu’une autre situation grave se présente. C’était déjà 17h. Une maman en larmes, ne pouvant payer les soins médicaux, avec son enfant de quatre ans dans les bras, atteint d’anémie grave. Ma collègue, décidée, m’annonce que ce n’est plus possible d’accepter quelqu’un. ‘Autrement je perdrai mon travail’, s’exclame-t-elle. J’étais touchée par cette souffrance. J’atteste alors par écrit que je prends en charge le coût de la transfusion de sang pour ce petit. Ma collègue a ainsi accepté et immédiatement fait la transfusion au garçon, lui sauvant ainsi la vie. La maman de l’enfant me dit: ‘Dieu vous rendra l’argent. J’en suis sûre!’ De retour à la maison, je me suis demandé: ‘Comment se fait-il que, justement à la fermeture du service, je rencontre deux mamans avec leur enfant si souffrant?’ Je lis la Parole de Vie, une phrase de l’Évangile, et j’y trouve du réconfort. C04La semaine suivante, je reçois une invitation de mon service de santé. J’ai été choisie parmi tous mes collègues pour suivre une formation professionnelle de trois jours. L’aide financière reçue pour la participation est de 150 dollars américains! Voici la réponse de Dieu. Pour avoir payé 25 dollars la transfusion de sang, j’ai reçu deux bénédictions et cette somme qui me permet maintenant de payer aussi les frais de scolarité pour mes enfants.” A.M. – Kinshasa, Congo/RDC

Gen Verde en Hongrie, du côté de l’autre

Gen Verde en Hongrie, du côté de l’autre

20150928GenVerdeSzeged1“Start Now!” C’est-à-dire, commence ici et maintenant. À faire quoi? Construire des relations authentiques et générer de la confiance. Une invitation qui “vaut son pesant d’or” dirait-on, celle que le Gen Verde a choisie comme titre du concert-workshop, présenté sur la scène du Tágas Tér Festival, le 25 septembre dernier à Szeged (Hongrie). Les protagonistes, dans huit workshops avec les artistes, étaient 120 jeunes de deux écoles supérieures, dont ceux d’un institut professionnel fréquenté par des étudiants venant d’un milieu familial difficile. “Tágas Tér, qui signifie littéralement ‘espace ouvert’ – explique un des organisateurs – est de fait un grand rendez-vous Å“cuménique qui montre le réseau des centaines d’activités dans le monde pour la solidarité citoyenne. Szeged est à 15km de la frontière avec la Serbie et, par conséquent, beaucoup de personnes qui étaient présentes au spectacle assistent quotidiennement au passage des milliers de migrants, avec la mer de questions et douleurs qui va avec. 20150928GenVerdeSzeged2“On the Other Side”: de l’autre côté – Durant le concert, beaucoup de titres de “On the Other Side“, le dernier album du Gen Verde, sorti moins d’un mois auparavant. Mais qu’est-ce que “l’autre côté”?, beaucoup se le sont spontanément demandé. “C’est la personne devant moi, qui pense différemment de moi; c’est la personne pour laquelle je n’ai pas d’estime, ou que je n’apprécie pas”, explique Adriana García, bassiste mexicaine du groupe. Un spectacle puissant, palpitant et en même temps capable de remettre en question des positions, opinions et styles de vie, comme quelqu’un l’a déclaré. Parce que ce qui émerge de la musique et des textes, c’est la certitude que la route vers la solution à un monde cassé et séparé par des murs, passe par la compréhension de la richesse inhérente à la diversité. Parmi les onze titres de l’album, il y a l’histoire du difficile chemin d’un peuple entier dans le morceau “Voz de la Verdad” (Voix de la vérité) sur l’Évêque salvadorien Oscar Romero, ou la chanson sur la division des deux Corée, très actuelle et réalisée sur des mélodies K-pop, presque un aveu que parmi les jeunes coréens la blessure n’est pas encore guérie. “Ce sont des histoires qui ne nous permettent pas de tomber dans l’indifférence – commente une jeune – ou d’oublier nos frères dont nous sommes séparés par une frontière. Nous avons senti un fort appel, celui de donner même notre vie dans la lutte pour la justice”. “Inutile de dire que, peut-être aussi en raison de ce que nous vivons dans notre pays avec la question de l’immigration, le moment le plus fort du concert a été la chanson ‘Chi piange per te’ (Qui pleure pour toi) – une douce berceuse dédiée à une fillette disparue dans les eaux du Canal de Sicile – a confié une amie qui travaille dans les médias. Le pasteur réformé Gábor Czagány, un des organisateurs du Festival: “Ce qui m’a le plus touché, c’était le visage des jeunes des écoles qui ont participé aux workshops: joie, participation, engagement. On pressentait la portée de l’expérience réalisée: sept jours qui ont laissé des traces. Maintenant, c’est à nous de faire en sorte que tout ne soit pas perdu”. 20150928GenVerdeSzeged3Des jeunes offrent une espérance d’unité – Alessandra Pasquali, actrice et chanteuse du Gen Verde, tient à préciser: “Notre travail n’est pas de monter sur une scène, chanter, nous produire et repartir. Nous ne pouvons pas faire abstraction de la construction de rapports authentiques avec les personnes, de ‘sentir’ ce que vivent les personnes qui viennent assister à nos concerts, dans quelles eaux naviguent les jeunes avec lesquels nous faisons les workshops”. C’est pour cette raison que les vidéos-interviews aux jeunes participants aux laboratoires, projetées avant le début du concert à Szeged, faisaient partie intégrante du spectacle, parce qu’ils l’avaient construit. Voici quelques réactions des jeunes: “Le projet ‘Start Now!’ m’a ouvert les yeux: il m’a appris à ne pas juger les étrangers. Et cela demande du travail: il faut de la persévérance et de la confiance”. “J’ai appris à faire attention aux autres.” “J’ai compris l’importance de maintenir l’unité d’une communauté et que l’humanité pour être famille a besoin de la collaboration de chacun.” “Je suis très contente que mon école ait participé au projet ‘Start Now!’ avec l’autre école. Au début, nous ne nous connaissions pas. Ça nous a pris du temps, mais, ensuite, nous avons gagné la confiance réciproque et, maintenant, je peux dire que nous bougeons comme une seule personne, nous sommes extrêmement contents.”

Italie: de LoppianoLab2015 on repart à partir de la participation

Italie: de LoppianoLab2015 on repart à partir de la participation

LoppianoLabPartecipantiLa participation comme méthode, la capacité de dialoguer tout en respectant non seulement les idées et les convictions différentes, mais aussi les souffrances de l’autre ; une biodiversité qui valorise les richesses mutuelles, le fait de ne pas se contenter de la ”justice du ‘déjà là’, mais de chercher celle du ‘pas encore là’ ”, transformer l’indignation en action collective pour changer le monde. Ce sont les valeurs qui nourrissent les dizaines d’actions et projets, expressions de la vitalité de la société civile italienne aujourd’hui. La sixième édition de LoppianoLab s’est conclue avec une pluralité de voix, actions, et stimuli qui partent ”du bas”, en Italie et non seulement. Plus de 2000 personnes présentes qui ont donné de la qualité à la confrontation et au dialogue entre entrepreneurs, politiciens, professeurs, citoyens, jeunes, communicateurs et administrateurs locaux : somme toute, la société civile dans sa multiplicité d’expressions.

Mons. Nunzio Galantino, Segretario Conferenza Episcopale Italiana

Mgr. Nunzio Galantino, Secrétaire de la Conférence épiscopale italienne

”Nous ne devons pas nous rendre face à la crise actuelle. Nous sommes là pour trouver des solutions lumineuses”. Mons. Nunzio Galantino, secrétaire de la CEI (conférence épiscopale italienne) part de la pensée anthropologique d’Antonio Rosmini, grand penseur, dans son intervention au rendez-vous culturel de LoppianoLab organisé par l‘Institut Universitaire Sophia (IUS) et de Città Nuova, le soir du 25 septembre sur ”Une idée de personne, une idée de société, une idée d’économie. L’humanisme d’Antonio Rosmini”. ”Se fermer à l’autre et nier la relation ,signifie nier soi-même – continue le secrétaire CEI, faisant écho aux paroles prononcées par le pape François aux États-Unis ces derniers jours – il faut récupérer les input culturels forts qui aident l’humanité à affronter la crise culturelle encore avant celle humanitaire que le monde est en train de vivre”. Il ajoute ensuite que c’est l’époque actuelle avec ses murs, ses contradictions et ses nombreuses questions existentielles sur le sens et le destin de l’homme qui demande une vision unitaire et complète de la personne non gouvernée seulement par les sciences, mais également faite d’esprit, de relations et de proximité. Les pistes de LoppianoLab 2015 Citoyenneté active – Reprenant les paroles de Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, Lucia Fronza Crepaz, coordinatrice des projets École de Préparation Sociale, Trente, dans le congrès central du 26 septembre ”Au-delà de la peur”, a motivé le devoir social de celui qui fait de la politique :”Nous ne voulons pas faire une action ‘pour les pauvres’ mais bien avec les pauvres parce qu’ils sont les sujets et la mesure de la société que nous voulons construire et elle a indiqué la ville comme étant le ‘gymnase’ de la fraternité universelle. Carlo Petrini, fondateur et président de Slow Food et Terra Madre lui a fait écho, confirmant que la citoyenneté active est le lieu qui peut générer de nouveaux agriculteurs, de nouvelles entreprises, de consommateurs conscients. La consonance profonde avec l’encyclique Laudato si’ du pape François pour laquelle il a écrit la préface dans une des éditions sortie en librairie. ”Une opportunité – a-t-il déclaré – inattendue. Tout pouvait m’arriver dans la vie, mais je n’aurais jamais cru qu’à 67 ans, un pape m’aurait téléphoné, moi qui suis agnostique. Il s’agit là de nouvel humanisme. Nous en avions besoin. Il n’existe aujourd’hui au monde aucun leader politique aussi incisif, visionnaire, concret que ce pape”. Le sociologue Mauro Magatti ajoute :”Si nous ne récupérons pas la dimension de la rationalité comme trait distinctif de notre condition, l’humanité est destinée à succomber. Il faut revenir à ‘produire de la valeur’ ensemble, avec d’autres.
Luigi Bobba, sottosegretario Ministero del Lavoro - Luigino Bruni, economista

Luigi Bobba, sous-secrétaire du ministère du Travail – Luigino Bruni, économiste

Engagement civil – Luigi Bobba – sous-secrétaire au ministère du Travail et des Politiques sociales, a défini l’époque actuelle, un vent de nouveauté dont il faut exploiter l’énergie pour donner vie à des institutions capables de donner forme au changement. Il va pleinement dans le même sens que l’économiste Luigi Bruni lorsqu’il affirme que les minorités peuvent changer le monde et sont capables de transformer l’indignation en action politique et économique collective. Culture du dialogue – ”Il est nécessaire de dépasser la perspective eurocentriste, lorsqu’on parle de migrations : elles ne sont pas seulement un fait humanitaire, mais une question de politique internationale”. Ainsi, Pasquale Ferrara, diplomate et secrétaire général de l’Institut Universitaire Européen de Florence. Les migrants sont le témoignage tragique des mutations historiques. Avec eux marche l’histoire et tous les nÅ“uds irrésolus de la politique internationale se rendent manifestes. Tous les hommes sont destinataires de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Celle-ci crée une seconde nationalité pour cela, personne ne peut être considéré clandestin et personne, illégal”. C’est Vincenzo Morgante, directeur du TGR (Journal télévisé) RAI qui fait parler le monde de la communication, observateur privilégié de la ”capacité” de dialogue dans les communautés italiennes. ”A travers le travail des journaux régionaux, je me rends compte que la culture du dialogue est bien présente, mais elle n’est pas suffisamment développée. C’est plutôt celle du heurt, de l’affrontement qui prévaut. Il faudrait parler un peu moins des phénomènes et un peu plus des histoires, des personnes qui sont dedans”.
Vincenzo Morgante, direttore TGR Rai - Michele Zanzucchi, direttore Città Nuova

Vincenzo Morgante, Directeur du TGR (Journal télévisé) RAI – Michele Zanzucchi, Directeur Città Nuova

L’édition 2015 de LoppianoLab se conclut aussi avec une ample participation du Social, mais les projets et l’engagement concret et quotidien de milliers de citoyens continue sur le terrain. On travaille à reconstruire un tissu social souvent lacéré, au travers de processus de réconciliation et de reconstruction de communautés qui ne soient pas uniquement l’assemblage d’une multiplicité d’intérêts, mais capables d’une prise de conscience personnelle et collective. Source : Communiqué de presse ‘Servizio Informazione Focolari Loppiano’

Burkina Faso dans l’incertitude politique

Burkina Faso dans l’incertitude politique

BurkinaFaso« Depuis le jeudi 17 septembre, – jour du coup d’Etat – nous sommes tous à la maison : les écoles, bureaux, magasins, tout est fermé. Nous épargnons l’essence et la nourriture, et si on réussit à trouver quelque chose, les prix sont doublés », explique Aurore De Oliveira du Focolare de Bobo-Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso. Là, on sent venir la contestation mais pas aussi forte que dans la capitale Ouagadougou (1.500.000 hab.), théâtre des principales tensions de la dernière semaine où il y a eu plus de cent blessés et au moins 10 morts. « C’est une population déterminée qui ne veut plus être assujettie. Dans toutes les grandes villes du Burkina Faso, ils ont tous manifesté, mais pour la paix. Il y a aussi beaucoup de peur, il ne faut pas le nier, parce que la guerre peut éclater d’un moment à l’autre ». ” Les activités à Ouaga – où l’armée est entrée – se sont ralenties”, écrit Jacques Sawadogo, de la communauté des Focolari dans la capitale.”Les banques, les magasins, les gares sont fermées. De petites activités de subsistance vont de l’avant. En tant que membres du Mouvement à Ouagadougou, nous essayons de rester en contact via e- mail ou avec le téléphone. Nous essayons d’être des artisans de paix dans les actions et dans les paroles”. Nous rejoignons aussi par téléphone, le père Sylvestre Sanou, vicaire général du diocèse de Bobo-Dioulasso. La situation est en évolution continuelle et on craint qu’elle puisse dégénérer. ”Il y a grève générale dans tout le pays – explique père Sylvestre – En réalité, il ne s’agit pas d’un véritable coup d’Etat, mais de l’irruption d’un petit groupe de la Garde Présidentielle, guidé par le général Gilbert Diendéré, proche de l’ex- président Blaise Compaoré, monté au pouvoir avec un coup d’état en octobre 1987 et contraint de fuir après 27 ans, seulement en octobre 2014, après de nombreux jours de contestation populaire. Depuis lors, il s’est réfugié en Côte d’Ivoire. ”le général Diendéré a tenté de négocier son immunité, d’après ce que l’on comprend, après avoir agi pendant de longues années comme main droite du président Compaoré”. Il ne s’agit donc pas de conflits religieux, entre musulmans (50%), chrétiens (30%) ou religions traditionnelles (20%) mais bien de nature politique.”L’armée semble prendre position en faveur de la population et aussi les gouverneurs des différents pays sont contraires au ”coup d’Etat” ; cela va même jusqu’au village natal de Diendéré où on a brûlé sa maison. ”La violence appelle à la violence”, continue le père Sylvestre. ”Le 22 septembre, nous sommes restés le souffle coupé à cause de l’ultimatum de l’armée, arrivée de 4 villes vers la capitale. Le futur politique du pays est incertain, malgré la médiation des présidents du Bénin et du Sénégal, au nom du CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et le retour du président de la transition du Burkina Faso, Michel Kafando et aussi du premier ministre Isaac Zida (arrêtés et puis relâchés)”. ” J’étais à peine rentré d’un séjour dans la cité-pilote ”Victoria” du Mouvement des Focolari en Côte d’Ivoire et je me suis retrouvé dans cette situation ” conclut le P. Sanou. ”Le processus en cours a été bloqué, celui qui trouvait les différents partis en dialogue et qui était en train d’arriver à un certain consensus. Mais maintenant tout est en l’air. Prions pour qu’une solution soit trouvée, sans effusion de sang et rapidement. Entre-temps, avec les prêtres, religieuses/religieux et catéchistes du diocèse, nous avons commencé avec notre évêque, la rencontre pastorale programmée avant ces événements. Il nous semble important d’aller de l’avant et de prier pour les nôtres et pour notre pays”. « Comment sommes-nous en train de vivre ? Au début, nous étions furieux, déçus – confie Aurora De Oliveira – parce qu’après les faits survenus en 2014, la situation politique était en train de bien évoluer. A un pas des élections, prévues initialement le 11 octobre (et maintenant déplacées au 22 novembre) arrive un groupe armé et tout est compromis. Voilà notre première réaction qui nous faisait sentir le besoin de protester. Le pas successif a été celui de reconnaître dans cette douleur un visage de Jésus abandonné et donc de chercher à reconsolider l’unité entre nous pour pouvoir transmettre la paix et le pardon. Nous avons essayé de contacter ceux qui partagent la spiritualité de l’unité, car l’amour doit vaincre ». « Continuons à prier et à vivre dans l’unité plus étroite avec vous tous, certains de la protection de Marie » écrit la présidente des Focolari Maria Voce, à la communauté du Burkina Faso, alors que se déroule la rencontre des délégués des Focolari de différentes nations, qui rend plus proches les attentes et les souffrances de tellement de parties du monde. https://vimeo.com/140074710

Le Chili : comment ne pas l’aimer ?

Le Chili : comment ne pas l’aimer ?

20150918-01 « J’ai tout perdu – confie dans les larmes un pêcheur de Guanaquero, petit village à 450 km au nord de Santiago, au bord du Pacifique – Mais on s’en remettra, comme nous l’avons toujours fait, nous les Chiliens ». Le cameraman l’embrasse, en un geste solidaire. Mercredi soir 16 septembre, peu avant 20 heures, la séquence de secousses sismiques commence. La première est très forte : 8,4 degrés sur l’échelle de Richter. Les répliques dépassent les 7 degrés. Nous nous réfugions dans la cour de la maison. Les voisins du quartier sortent aussi dans la petite rue.  Échanges réciproques : « Ça va ? » « Oui, c’est bon, pas de soucis. Et toi ? Tu as besoin de quelque chose ? » Ni peur ni énervement. Même les enfants savent ce qu’il faut faire, car au Chili, on l’enseigne dans les écoles. Les grands édifices, les écoles, les supermarchés signalent tous la zone de sécurité qui protège d’éventuels écroulements. Après la catastrophe de 2010, le pays est mieux préparé. Nous sommes à La Serena, à 480 km au nord de Santiago, la capitale du Chili. L’intensité du séisme nous montre que l’épicentre est proche de nous. Il n’y a plus d’électricité et c’est seulement lorsqu’on trouve une petite radio à piles que nous apprenons qu’il est à environ 100 km d’ici, dans un triangle de petites villes de 20 à 30 000 habitants. Illapel a subi de gros dégâts, mais pas les grands centres. Cela fait moins d’une heure et la radio confirme l’alerte au tsunami. Dans tout le pays commence l’évacuation de six mille km de côtes, du nord désertique au sud et sa froidure. Un million de personnes doivent chercher refuge à au moins 30 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les vagues arrivent, une masse d’eau qui avance et élève de quatre mètres le niveau de la mer. Le port de Coquimbo, 150 000 habitants, est en partie submergé. Les nouvelles des victimes nous parviennent. Nous sommes à quelques heures des festivités traditionnelles pour l’indépendance du Chili les 18 et 19 septembre. Douze personnes manqueront à l’appel cette année. Cinq sont portées disparues. Parmi les morts, trois pour infarctus, trois autres ont été emportés par la mer, les autres ont perdu la vie à cause de l’éboulement de rochers ou de murs. Le gouvernement déclare l’état de catastrophe dans plusieurs provinces de la 4e Région. La Présidente, Michelle Bachelet s’adresse au pays : les secours s’organisent. La pensée va à ceux qui ont tout perdu : villages de pêcheurs, habitants de la zone de l’épicentre. C’est le huitième état d’urgence en moins de deux ans. Le tremblement du Nord l’an passé, et cette année, les inondations. Au mois de mars la région la plus aride de la planète : le désert d’Atacama, a été inondée. Puis les volcans : une éruption l’an dernier et une autre il y a quelques mois ; la terrible sécheresse du nord au sud, Valparaiso frappée deux fois par les incendies des zones environnantes et maintenant de nouveau le tremblement de terre et le tsunami… Après ce terrible bilan, revenons au vieux pêcheur de Guanaquero. « Nous nous en remettrons ! » Je vois dans ses yeux un reflet de ténacité et de persévérance. La même qui nous explique comment il se fait que sur les versants désertiques et abrupts des collines de ce Nord, de grandes taches vertes apparaissent. Ce sont les cultures d’avocats et de vignes. Littéralement arrachées à la terre, profitant de chaque goutte d’humidité pour leur irrigation. Seules la ténacité et la persévérance peuvent obtenir des fruits d’une nature qui, ici, ne fait pas de cadeaux. C’est comme ça que ce pays a été construit. Comment ne pas l’aimer ? ». D’Alberto Barlocci, du Chili Â